À Madagascar, la journée de ce samedi 11 octobre 2025 a été particulièrement mouvementée dans la capitale, Antananarivo, où des manifestants hostiles au régime exigent depuis plusieurs jours le départ du président Andry Rajoelina.
Ce matin, le chef du CAPSAT (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques), le colonel Mickaël Randrinirina, entouré de plusieurs officiers supérieurs de l’armée malgache et de son unité, a pris position en appelant leurs frères d’arme à « prendre leurs responsabilités ».
« Nos militaires sont concentrés dans la capitale pour protéger une minorité et non le peuple. Pendant ce temps, les maux persistent dans les régions et nos camarades en meurent. Il est regrettable que nos supérieurs ne se soucient pas de nous, les militaires, mais soient préoccupés par la protection de leur pouvoir.
Plusieurs d’entre nous ont été emprisonnés et leurs carrières brisées. Actuellement, le lieutenant-colonel Gervé, travaillant à la présidence, est détenu par la gendarmerie sans explication. Libérez nos confrères ! Ils n’ont ni volé ni assassiné.
Ce conflit sociopolitique a commencé dès 2023, à l’époque du collectif des onze candidats. Mais, parce que nous n’avons pas pris nos responsabilités, nos supérieurs ont préféré protéger les dirigeants et emprisonner ceux qui osaient parler. Il n’est donc pas surprenant que nous en soyons arrivés à la situation actuelle.
Rappelons-nous, gendarmes, militaires et policiers : nous venons de la société, et nous y retournerons. Nos enfants et nos familles en font partie. Il est temps de prendre nos responsabilités pour sauver le pays. Unissons-nous et refusons d’être manipulés ou de tirer sur nos frères et sœurs », a-t-il lancé.
À la suite de cette prise de position, des citoyens ont à leur tour érigé des barrages à l’entrée du camp CAPSAT Soanierana afin de sécuriser les lieux et de contrôler les alentours, rapporte une télévision locale.
Dans l’après-midi, l’état-major des forces armées a convoqué une réunion d’urgence. Les leaders du CAPSAT ont répondu à l’appel, et une rencontre s’est tenue entre les deux parties. Selon la même source, il en est ressorti que tout affrontement entre forces de l’ordre devait être évité et que l’armée malgache marche aux côtés du peuple.
« Nous avons répondu à l’appel de la population qui subit des violences. Ce n’est pas une action politique, mais un acte d’amour pour la patrie face aux souffrances vécues (…). Nous avons appris que d’autres se préparent à attaquer cette nuit. Nous leur disons de ne pas obéir à des ordres illégaux », a précisé le colonel Randrinirina à la sortie de la réunion.
De son côté, le général Jocelyn Rakotoson a appelé les militaires à rester dans les casernes et à éviter toute fusillade, rapporte un média local. Une déclaration du Premier ministre Fortunat Ruphin Zafisambo est annoncée ce samedi soir, nous apprend-on.
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