À moins de deux mois du scrutin présidentiel prévu le 28 décembre 2025, la tension monte déjà dans le paysage politique guinéen.
Plusieurs candidats indépendants dénoncent ce qu’ils considèrent comme une manœuvre d’exclusion orchestrée à travers le mécanisme de parrainage imposé par les autorités locales.
Selon la loi, les maires des communes sont chargés d’accorder leur parrainage aux candidats indépendants. Mais dans les faits, ce rôle est désormais assuré par les présidents des délégations spéciales, nommés par le pouvoir central.
Et d’après les témoignages recueillis, ces délégations auraient unanimement apporté leur soutien au Général Mamadi Doumbouya, actuel chef de l’État et probable candidat à sa propre succession.
Parmi les voix qui s’élèvent contre ce système, celle de Saidou M’Baye, candidat indépendant déclaré, se veut ferme et déterminée.
Malgré les obstacles, il assure vouloir aller jusqu’au bout de sa démarche et annonce le dépôt officiel de son dossier de candidature dès lundi prochain.
« Aujourd’hui, je m’engage et je vais partir jusqu’au bout pour être candidat à l’élection présidentielle, par la grâce de Dieu. À partir de lundi, je vais déposer mes dossiers. »
Le candidat a également dénoncé le coût élevé de la caution électorale, fixée à 900 millions de francs guinéens, qu’il juge dissuasive mais non insurmontable :
« Nous sommes prêts à payer les 900 millions, même s’ils demandent 1,5 milliard. Ma structure est prête. Mais ce que nous voulons, c’est des conditions justes et équitables pour tous. »
Saidou M’Baye a profité de sa sortie médiatique pour critiquer la confusion juridique entourant les textes encadrant la présidentielle.
Selon lui, une incohérence flagrante existe entre la Constitution et le Code électoral concernant le parrainage des candidats indépendants :
« Dans la Constitution, on dit que ce sont les maires qui doivent parrainer les candidats indépendants. Mais dans le Code électoral, on parle des délégations spéciales, nommées par le régime en place. Si ce régime présente un candidat, comment espérer un parrainage équitable ? »
« À mon avis, c’est une exclusion pure et simple. »
Pour lui, cette situation illustre la crise de gouvernance et de légitimité qui mine les institutions :
« Une Constitution doit être digne, responsable et rassembler tous les Guinéens, pas être taillée sur mesure. Aujourd’hui, il y a une guerre entre la Constitution et le Code électoral. Et cela, c’est dangereux pour la démocratie. »
Alors que le Général Mamadi Doumbouya semble bénéficier d’un soutien institutionnel massif, les candidats indépendants peinent à trouver leur place dans le processus électoral.
Pour Saidou M’Baye et ses partisans, le combat dépasse la simple candidature : il s’agit d’une lutte pour la justice, la transparence et l’équité politique.
Et malgré les obstacles, le candidat se veut confiant :
« Nous irons jusqu’au bout. Rien ne nous effraiera. Nous allons compétir, et je suis convaincu que la victoire sera au rendez-vous. »
Cette polémique autour du parrainage et de la caution électorale révèle un climat politique crispé à l’approche du scrutin.
Entre accusations d’exclusion, inquiétudes juridiques et défiance envers les institutions, la campagne présidentielle guinéenne s’annonce déjà électrique.
Reste à savoir si ces voix indépendantes parviendront à se faire entendre dans un processus que certains jugent verrouillé d’avance.







